Alice Fohr - Crédits illustration : Jérôme Foubert

Alice Fohr (concours 1A, maths)

Étudiante normalienne au DER de mathématiques
La sous-représentation des femmes en sciences est un signe parmi beaucoup d’autres d’une société extrêmement inégalitaire, dans laquelle l’immense majorité des gens est, pour différentes raisons (sexe, classe sociale…) restreinte dans ses possibilités et cantonnée à certaines activités. Le jour où l’on permettra à chacun de développer l’ensemble de ses capacités, où la science à haut niveau ne sera plus réservée à une minorité, et où l’intelligence collective sera réellement mise à profit, la société fera d’immenses progrès.

Son parcours

Quel est votre parcours ?

Au lycée, j'étais intéressée par la science et notamment par le domaine de l’aérospatiale. Puis, je me suis ensuite rendu compte que je n’aimais pas les sciences de l’ingénieur, mais plutôt les recherches en lien avec les mathématiques. Les champs d’application en mathématiques sont très larges (neurosciences, santé, écologie…).

Je suis étudiante en 4e année au département de mathématiques de l’ENS Paris-Saclay, et je m’oriente vers la recherche en mathématiques appliquées aux sciences du vivant.
J’ai effectué plusieurs stages de recherche dans ce domaine (mathématiques appliquées à la cancérologie, aux neurosciences, à l’écologie et à l’évolution) et je me dirige vers une thèse en analyse et probabilités appliquées à la biologie du développement.

Quel est votre vécu en tant que femme ?

L’importance du soutien face au manque de mixité

Nous étions un tiers de filles en 1ère année de prépa MPSI, un quart en MP* (la classe la plus sélective en 2e année), et 5 filles sur une trentaine d’élèves au département de maths lorsque j’ai intégré l’ENS en 2019. Personnellement, j’ai des parents qui, conscients des obstacles et de l’auto-censure dont sont souvent victimes les filles, m’ont beaucoup encouragée dans cette voie-là.

Il est évident que les filles sont en général moins poussées que les garçons à s’orienter vers des études scientifiques, en particulier dans les sciences dures (mathématiques, physique, informatique). La sous-représentation des filles dans ces filières le montre : nous étions un tiers de filles en 1ère année de prépa MPSI, un quart en MP* (la classe la plus sélective en 2e année), et 5 filles sur une trentaine d’élèves au département de mathématiques lorsque j’ai intégré l’ENS en 2019. Personnellement, j’ai des parents qui, conscients des obstacles et de l’auto-censure dont sont souvent victimes les filles, m’ont beaucoup encouragée dans cette voie-là, bien que n’ayant pas fait eux-mêmes d’études scientifiques.
Ce que j’ai pu remarquer en devenant interrogatrice en classe prépa est que les filles, bien qu’en moyenne de même niveau que les garçons, ont beaucoup moins confiance en elle et ont tendance à se dévaloriser plus que les garçons.

Il faut quand même noter que dans ces grandes écoles (ENS, écoles d’ingénieurs…) l’absence de diversité est totale et ne concerne pas seulement les femmes. Le premier obstacle pour beaucoup d’étudiants (qu’ils soient hommes ou femmes) reste le milieu social, qui est déterminant.

Vous avez reçu la bourse "Femmes en sciences", grâce au soutien de la Fondation Engie en 2023. Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que vous faisiez partie des lauréates d’une bourse "Femmes en sciences" ?

J'étais extrêmement contente et j'étais fière de pouvoir promouvoir les femmes en sciences, car nous ne sommes pas nombreuses dans le domaine. La représentation du milieu est importante, il est primordial de montrer que des filles ont choisi les sciences.

Auriez-vous un conseil pour les jeunes filles qui hésitent à étudier les sciences ?

Bien sûr, il ne faut pas s’auto-censurer. À la sortie de lycée, j'avais la sensation que je n’arriverais pas à réussir une prépa scientifique. Pourtant, je réussissais aussi bien que mes camarades masculins. Il faut tenter !

Avez-vous un objectif professionnel ?

Idéalement, j’aimerais être enseignante-chercheuse : continuer mes recherches tout en enseignant.

En bref

  • 2024 : Master de biologie (Biodiversité-Écologie-Évolution)
  • 2023 : Master de mathématiques appliquées aux Sciences du vivant
  • 2022 : Licence de philosophie
  • 2020 : Licence de mathématiques
  • 2019-2023 : Département de mathématiques de l’ENS Paris-Saclay
  • 2016-2019 : CPGE MPSI-MP*

Faits et chiffres

  • 4 stages de recherche en mathématiques appliquées à la biologie et à l'évolution
  • 2023 : Lauréate du programme "Femmes et sciences" de l'ENS Paris-Saclay
  • 2022 : Obtention de la bourse d'excellence de la Fondation mathématique Jacques Hadamard

Crédits illustration : Jérôme Foubert